Ruptures de stock de papier toilette

Il est de bon ton d’accuser la population de faire des réserves de papier toilette, et de provoquer les ruptures de stock que nous observons.

Soit… mais sachant que :

• je ne fais pas plus de réserves qu’avant ;
• ma femme non plus ;
• je ne vois personne au supermarché qui ait son caddie rempli de papier toilette…

… où sont donc les hordes d’égoïstes qui nous privent de papier toilette ?

Il faut qu’on m’explique…

Par chance, on vient de m’envoyer un article américain qui offre une explication crédible^[1]. Vous allez voir, c’est très intéressant.

Comprendre l’industrie du papier toilette

Il est possible que nous fassions un peu plus de réserves de papier toilette que d’habitude.

Mais l’effet plus visible du confinement, c’est que nous consommons plus de papier toilette à la maison.

En temps normal, notre consommation de papier toilette se répartit entre le papier utilisé dans les toilettes publiques (au bureau, dans les bars et restaurants, dans les aéroports), et celui utilisé à la maison.

Ces temps-ci, l’utilisation de papier toilette dans les lieux publics a beaucoup baissé. Certains restaurants vont même jusqu’à revendre leur stock.

En parallèle, notre consommation de papier toilette à la maison a fait un bond de 40 % selon les estimations^[2].

Or, il n’est pas facile pour les supermarchés et les fabricants de papier de répondre à une telle augmentation des achats de papier toilette à usage domestique.

Le premier problème, c’est que le papier toilette que l’on nous sert dans les lieux publics n’est pas le même que celui que nous achetons pour la maison.

Le papier toilette du bureau…

Le papier typique des bureaux est sur des rouleaux gigantesques… il est plutôt de mauvaise qualité, et souvent recyclé. Il n’est pas fabriqué dans les mêmes usines que le papier toilette domestique.

Les rouleaux de papier toilette qu’achètent les ménages sont plus petits et plus luxueux : triple épaisseur, coloré, parfois même parfumé, et de préférence réalisé avec du papier de première main (car le papier recyclé irrite nos derrières sensibles).

Si la matière première de notre papier toilette domestique ne provient pas des mêmes fournisseurs, on imagine bien que le secteur du papier toilette est déstabilisé. Et que les excédents de production de papier toilette de bureau ne permettent pas de soutenir la production de papier toilette domestique.

Et ce manque de flexibilité trahit un secteur à faibles marges. En effet, le papier toilette est un produit standardisé, donc le secteur est très concurrencé et les profits sont maigres… Les entreprises du secteur n’ont donc pas beaucoup de marge de manoeuvre, et fonctionnent presque à flux tendu.

Et les grandes surfaces font la même chose. Elles ont appris à prévoir les achats de papier toilette tout au long de l’année. Elles optimisent leurs commandes aux fournisseurs pour ne pas accumuler trop de stock de papier toilette sur leurs plateformes logistiques et épargner leur trésorerie.

Tout ce petit monde tourne à son rythme, toute l’année, sans que nous ayons à nous en soucier : le papier toilette de masse pour l’aéroport Paris-CDG, et le papier toilette domestique pour la famille Dupont.

Seulement, le jour où un confinement généralisé est déclaré, il n’est pas facile pour le secteur de répondre à une hausse aussi brutale des achats de papier toilette.

Mon conseil serait d’aller acheter du papier toilette dans les magasins de vente en gros pour les professionnels.

Si ça peut vous rassurer, les usines françaises du Loiret tournent 24h/24, 7j/7. Notamment, l’usine Essity à Gien (marques Lotus et Moltonel), et l’usine Industrie Cartarie Tronchetti à Pannes (marque Foxy)^[3].

Les dirigeants sont confiants, la pénurie va se résorber dans les jours qui suivent.