Depuis un certain temps maintenant, je constate autour de moi la multiplication exponentielle de personnes atteintes de troubles bien mystérieux …
Une véritable épidémie de TDA-H[1], TDA[2], HPI[3], TSA, nous frappe visiblement de plein fouet.
Tous ces TND[4] sont diagnostiqués auprès des PCO[5], et donnent parfois droit à une RQTH[6]…
Je m’étonne que nous ne soyons pas de nouveau confinés en urgence !
Tous ces acronymes font très sérieux, n’est-ce pas ?
On les porte presque comme des médailles.
Ne pas en avoir au moins une accrochée au revers du veston fait de vous un individu d’une banalité affligeante.
Nous sommes arrivés à un point où l’on en fait des séries qui cartonnent à la télé, où les coachs spécialisés poussent comme les champignons à l’automne, où les ateliers fleurissent, il y a même des sites de rencontre pour ces êtres à part.
La palme de la blague revient, comme souvent, aux réseaux sociaux, où de plus en plus de contenus incitent tout un chacun à se demander s’il ne pourrait pas être atteint d’un de ces troubles so chic.
Il serait peut-être temps de remettre l’église au milieu du village.
Un effet de mode qui ne rend pas service aux malades
La première chose à préciser est que ces troubles existent bel et bien et qu’ils n’ont rien de plaisants.
Et donc loin de moi l’idée de les minimiser et encore moins de les nier.
Les symptômes du TDA-H (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) sont lourds et représentent de véritables handicaps pour les personnes qui en souffrent.
Les difficultés extrêmes à se concentrer, à être attentif ou encore à mener à terme des tâches simples ont un impact sur la vie de tous les jours, que ce soit en société, à l’école, à la maison ou au travail.
Ce qui me chagrine, c’est l’effet de mode qui plane autour de ces troubles et le peu d’informations fiables qui circulent à leur sujet.
Pour parler spécifiquement du TDA-H, une étude parue en 2008 affirmait que ce trouble concernait entre 3,5 et 5,6 % de la population, étude dont je reparlerai plus tard car elle a son importance[7].
Le chiffre a sérieusement été revu à la baisse en 2021, par une autre qui estime cette fois que le nombre d’enfants atteints d’un véritable TDA-H serait seulement de 0,3 %.[8]
Nous sommes bien loin de la pseudo épidémie qui semble faire des ravages autour de nous.
Soyons sérieux : ce n’est pas parce que votre enfant vous coupe la parole toutes les trois secondes qu’il souffre de TDA-H, ce n’est pas parce que vous n’arrivez pas à lire trois pages d’un livre sans décrocher que vous souffrez de TDA-H, et ce n’est pas parce que vous passez sans cesse du coq à l’âne que vous souffrez de TDA-H !
Afin qu’un diagnostic puisse être posé, les classifications internationales ont décrété qu’un certain nombre de critères doivent durer depuis plus de 6 mois, être présents avant l’âge de 12 ans et ce, dans différentes situations de vie (école, famille, loisirs).
Parmi ces critères :
- Des niveaux élevés d’inattention, et/ou d’agitation et d’impulsivité, sources de handicaps cognitifs et relationnels persistants, parfois sévères.
- De réelles difficultés d’adaptation à la vie sociale (école, travail, famille, etc.) qui mènent à une forme d’exclusion.
- Des conséquences négatives sur le quotidien, entraînant une réelle souffrance.
Tout en reconnaissant que le diagnostic est complexe à établir, la Haute Autorité de santé plaide pour qu’il soit posé le plus tôt possible car le TDAH entraîne un risque accru de blessures accidentelles, d’addictions, de dépression et de suicide.
Un trouble à prendre très au sérieux donc, une fois diagnostiqué.
Malheureusement, les “gros sous” au cœur du sujet
Pourquoi assiste-t-on à des diagnostics à la pelle ?
À ce sujet, de nombreux psychiatres et chercheurs tirent la sonnette d’alarme, à juste titre me semble-t-il.
Parmi eux, Patrick Landman et Sébastien Ponnou posent la question de la place des experts ainsi que le rôle de l’industrie pharmaceutique dans l’explosion soudaine de cas de TDA-H.
Ce qui suit est un résumé de leur message[9],[10] :
En France, le diagnostic d’hyperactivité n’a commencé à émerger qu’après la mise sur le marché du traitement médicamenteux par MPH (une molécule censée traiter l’hyperactivité, commercialisée sous le nom de Ritaline®), en 1995.
La fameuse étude dont je vous parlais précédemment et qui affirmait que le TDA-H concernait entre 3,5 et 5,6 % de la population est un parfait exemple de la nébuleuse pas très nette qui entoure le phénomène.
Selon Sébastien Ponnou, elle aurait été financée par l’industrie du médicament (notamment le laboratoire qui commercialise l’une des versions les plus répandues de MPH).
Autre problème, et pas des moindres : même si des contradictions, des incohérences et une surestimation manifeste des données ont été soulignées, cette étude fait toujours référence auprès des pouvoirs publics, et oriente les politiques de santé à destination des enfants et des adolescents.
Pour expliquer cela, il faut toujours, selon Sébastien Ponnou, s’intéresser aux conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique.
Il se montre catégorique sur ce point dans une interview donnée à Libération[11] : «L’implication de l’industrie pharmaceutique dans les pratiques et les politiques de soin autour du TDA-H est souvent évoquée mais rarement démontrée. Nos travaux sur la prévalence, le diagnostic et le traitement de l’hyperactivité TDA-H en France nous permettent de documenter des conflits d’intérêts importants.»
Sébastien Ponnou pointe du doigt des liens d’argent entre les différentes associations qui promeuvent ce type de diagnostic, mais aussi avec les chercheurs.
«Ces pratiques sont dommageables car elles orientent les représentations du grand public, les demandes, mais aussi les pratiques. Elles induisent surtout un risque de surmédication et de surdiagnostic des enfants, et empêchent des pratiques alternatives aux seules approches biomédicales.»
Cherchez l’erreur…
En attendant, la prescription de Ritaline augmente de façon exponentielle d’année en année.
Pour compléter le tableau, parmi les enfants recevant une première prescription, 22,8 % se sont vus prescrire un ou plusieurs autres médicaments psychotropes dans la même année !
Autant en profiter pour faire marcher le commerce, n’est-ce pas ?
Le cri d’alarme de Patrick Landman et de Sébastien Ponnou face aux traitements inadaptés et dangereux à long terme, ainsi qu’à la psychiatrisation des enfants et adolescents mérite d’être entendu et relayé.
Il y a 20 ans, le marché des médicaments pour traiter le TDA-H représentait 40 millions de dollars ; aujourd’hui, il est estimé à 10 milliards de dollars !
Tout est dit.
Ne faites pas d’auto-diagnostic, par pitié !
« Il y a beaucoup de gens qui s’approprient le TDA-H, qui en font presque leur personnalité, mais il faut rappeler qu’il s’agit bien d’une maladie », avertit le psychiatre Régis Lopez, spécialiste du sommeil et du TDA-H.
« Ce n’est pas un trait de tempérament, une personnalité, c’est une maladie neuro développementale. »[12],[13]
Le véritable trouble de l’attention a pour 80 % une origine principalement génétique.
Alors oubliez les tests sur les réseaux qui mettent en balance votre contexte social ou familial.
Il y a autant de TDA-H dans les milieux aisés que défavorisés.
En réalité, les trois quarts de la population peuvent se retrouver dans ces tests sans pour autant véritablement souffrir de TDA-H.
Régis Lopez s’inquiète de l’afflux de patients qui se croient atteints suite à ce genre d’auto-diagnostic sans fondements…
Si vous avez un doute, vous pouvez bien entendu consulter un spécialiste, lui seul sera en capacité de vous dire si vous souffrez de TDA-H.
Établir un diagnostic de TDA-H prend environ deux heures, et on n’arrive pas toujours à une certitude, alors un questionnaire qui vous prend dix minutes…
La bonne nouvelle, c’est qu’un diagnostic sérieux, établi tôt permet, la plupart du temps, de guérir du TDA-H, assure Régis Lopez.
Malheureusement, beaucoup de patients n’ont pas eu la chance d’être diagnostiqués assez tôt.
Dans ce cas, la guérison peut être beaucoup plus longue, d’autant que le TDA-H s’accompagne souvent pour eux d’autres troubles associés qui sont venus s’ajouter avec le temps.
Des solutions existent
Les mesures non médicamenteuses pour traiter un TDA-H avéré englobent de multiples approches de psychothérapies comme la thérapie comportementale et cognitive (TCC) qui est largement utilisée dans la prise en charge du TDA-H, en particulier chez l’enfant.
Je pense aussi aux thérapies comportementales dialectiques et/ou basées sur la méditation en pleine conscience qui ciblent la régulation émotionnelle, la gestion de la colère et de l’impulsivité.
Par ailleurs, une bonne hygiène de vie doit absolument accompagner ces thérapies.
Cela comprend une alimentation saine, une activité physique régulière, un bon sommeil, des relations sociales sereines et épanouies.
Plusieurs études ont souligné le rôle de certaines carences nutritionnelles dans les symptômes de TDA-H[14] .
Celles qui sont les plus probantes sont la vitamine B6, le magnésium et les acides gras oméga-3.
Certains remèdes ou techniques naturelles peuvent également se révéler très précieux.
Les troubles du sommeil sont par exemple très fréquents chez les enfants atteints du TDA-H.
Plusieurs plantes médicinales comme la camomille, la mélisse, la valériane ou la passiflore peuvent aider dans ce cas.
Des thérapies manuelles et alternatives comme l’ostéopathie, la kinésiologie, ou encore la réflexologie peuvent aussi aider à réduire le stress, à améliorer la circulation énergétique et favoriser un meilleur équilibre psycho-corporel.
Chaque cas étant particulier, il serait réducteur de donner un protocole censé convenir à tout le monde.
Il faudra tester différentes choses avant de trouver ce qui convient le mieux.
Que pensez-vous des dérives autour du TDA-H ?
Si vous souffrez réellement de ce problème, quels conseils pourriez-vous donner aux autres pour aller mieux ?


Je n es pas dit que c était moi.!!!