Je suis tombé l’autre jour sur un chiffre qui m’a littéralement scotché sur ma chaise.
Selon l’OMS, à l’échelle mondiale, un jeune âgé de 10 à 19 ans sur sept souffre d’un trouble psychologique[1]. C’est énorme.
Cela rejoint le constat dressé par le HCFEA (Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge), qui alerte sur l’augmentation constante de la consommation de psychotropes chez l’enfant en France[2].
Entre 2010 et 2021, elle aurait doublé !
Pour la seule année 2021, c’est une augmentation de :
- 7,5 % pour les antipsychotiques ;
- 16 % pour les anxiolytiques ;
- 23 % pour les antidépresseurs ;
- 224 % pour les hypnotiques.
Ces niveaux d’augmentation sont sans commune mesure avec ceux de la population générale adulte. Ils sont 2 à 20 fois plus élevés !
Pour moi qui suis papa d’adolescents, de tels chiffres m’inquiètent forcément.
La santé mentale des enfants et des adolescents est un enjeu majeur car elle aura un impact sur le reste de leur vie, dans bien des domaines : je pense à la gestion des émotions, à l’estime de soi, aux liens familiaux, amicaux, amoureux, sociaux, à la vie professionnelle…
Comment protéger au mieux nos jeunes ?
La question est extrêmement complexe et je n’ai pas la prétention d’y répondre en une simple lettre. Mais nous pouvons déjà tâcher d’essayer de comprendre.
Médias anxiogènes + crise mondiale + Covid + réseaux sociaux + adolescence = un cocktail explosif !
De multiples facteurs ont une influence sur la santé mentale.
Les adolescents y sont particulièrement exposés car ils vivent à la fois une période de construction qui forge les adultes qu’ils deviendront et de profonds changements (hormonaux notamment).
Plus les facteurs de risque auxquels ils sont exposés sont nombreux, plus leur équilibre psychique peut se trouver déstabilisé. Et ces facteurs ne manquent pas !
Il y a la volonté d’appartenir à un groupe (peur de l’exclusion), l’exploration et l’affirmation (parfois biaisée) de l’identité, l’influence des médias, le contexte mondial préoccupant, la précarité, la pression des normes sociétales, le cadre familial, la peur de l’avenir, la dépendance extrême aux réseaux sociaux et son lot de harcèlement potentiel…
J’en oublie sûrement.
Il ne faut pas oublier que la crise du Covid a largement contribué à générer un contexte général extrêmement anxiogène. Mais le Covid n’est qu’un facteur de plus parmi d’autres.
Les effets de l’anxiété et de la dépression peuvent être dévastateurs sur nos jeunes. Ils sont particulièrement exposés à l’exclusion sociale, à la discrimination, à la stigmatisation, aux difficultés scolaires, aux comportements inadaptés.
N’oublions pas que le suicide est la 4e cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 19 ans…
Face à cela, quelle prise en charge nous propose-t-on ?
Prendre en charge les troubles mentaux dès qu’ils se manifestent est capital, à condition de bien mesurer l’impact des mesures thérapeutiques mises en place.
Il est important de préciser que les soins de première intention recommandés par les autorités de santé pour les troubles mentaux chez l’enfant ne sont pas pharmacologiques.
Il s’agit plutôt de miser sur des pratiques psychothérapeutiques (accompagnement par un psychologue), des thérapies cognitives et comportementales, des thérapies familiales ou de groupe, des pratiques éducatives.
Alors pourquoi assistons-nous à une explosion des prescriptions médicamenteuses ?
Face à l’augmentation de la fréquence des problèmes de santé mentale des jeunes, le système de santé, à la dérive depuis bien longtemps, est tout simplement débordé.
Avez-vous essayé d’avoir un rendez-vous avec un psy ?
Il vous faudra attendre plusieurs mois, quand on ne vous répond pas simplement que ce n’est pas possible…
Les pédopsychiatres, dans une tribune parue dans Le Monde cosignée par plus de 700 professionnels, alertent sur la situation en France où « en 2022, des enfants et adolescents, particulièrement des très jeunes filles, meurent de souffrance psychique par manque de soins[3]. »
C’est alors que le traitement médicamenteux devient la seule option pour soulager la souffrance de ces jeunes en perdition.
Ce sont souvent les médecins généralistes, démunis, qui le prescrivent par défaut (je ne leur jette pas la pierre).
Le rapport HCFEA, auquel je faisais référence au début de ma lettre, alerte en la matière sur le non-respect des autorisations de mise sur le marché (AMM) et sur la transgression des recommandations des agences de santé et des consensus scientifiques.
68 % des prescriptions de psychotropes réalisées dans un hôpital pédiatrique parisien étaient hors AMM[4] (indication non conforme ou approuvée pour les adultes seulement).
Il s’agissait d’anxiolytiques, d’antipsychotiques, d’antidépresseurs, d’antiépileptiques, de stimulants d’antiparkinsoniens et d’hypnotiques.
Pour noircir encore le tableau, ces prescriptions sont faites hors de toute validation scientifique !
En effet, la rareté des études portant sur l’efficacité des traitements médicamenteux chez l’enfant, l’existence d’effets indésirables importants ainsi qu’une balance bénéfice/risque défavorable ne plaide pas en faveur de la prescription de ces traitements.
C’est un scandale à dénoncer de toute urgence.
Informer et changer d’approche
Il est nécessaire de changer les choses en profondeur.
Certaines initiatives ont déjà été mises en place ou vont l’être prochainement. Je pense notamment à des dispositifs facilement accessibles comme des applications pour smartphone ou des lignes téléphoniques.
Fil Santé Jeunes fait, par exemple, déjà référence[5].
Il est également nécessaire d’informer davantage les jeunes sur les différentes solutions qui s’offrent à eux en dehors de la psychiatrie pure et dure et des médicaments.
Par exemple, une initiation à la relaxation ou à la méditation ne serait pas du luxe dans les établissements scolaires.
Il y a en réalité beaucoup de méthodes douces à tester avant de plonger dans un traitement chimique dont il sera très difficile de se défaire par la suite.
Voici quelques que exemples qui me viennent à l’esprit :
- La sophrologie ;
- L’EMDR ;
- L’hypnose ;
- Les techniques de respiration ;
- La méditation ;
- Les activités sportives qui apportent de la sérénité intérieure, de la stabilité (Qi Gong, Tai chi, les arts martiaux en général, le tir à l’arc) ;
- L’équithérapie (pratique destinée à soulager les symptômes de la dépression grâce à un contact prolongé avec un ou des chevaux), etc.
En accompagnement de ces techniques, les plantes peuvent également venir agir en complément à partir d’un certain âge (au-dessus de 6 ans en général).
Parmi elles :
Le millepertuis
Les effets du millepertuis sur les symptômes dépressifs ont été confirmés par de nombreuses études[6]. Certaines lui ont même attribué une efficacité équivalente aux médicaments chimiques dans le cas d’états dépressifs légers à modérés.
L’usage du millepertuis est déconseillé aux personnes qui souffrent de troubles bipolaires et aux femmes enceintes.
Un dosage égal à la moitié de celui d’un adulte doit être suivi de 6 à 12 ans.
Le millepertuis interagit avec un très grand nombre de médicaments et de plantes. Demandez toujours conseil à votre médecin ou votre pharmacien avant de commencer le traitement.
Le safran
Dans les cas de dépression légère à modérée, le safran présente une efficacité similaire aux traitements chimiques. Cette capacité à redonner la joie de vivre serait due à ses propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, neuroendocriniennes et neuroprotectrices[7]. De plus, le safran régule le taux de sérotonine (surnommée « l’hormone du bonheur »).
Des résultats concluants ont été obtenus après 6 semaines de supplémentation à raison de 30 mg / jour d’extrait de safran.
Le safran ne possède pas d’effets secondaires. Toutefois, par précaution, il est déconseillé aux femmes enceintes ou allaitantes, aux enfants de moins de 12 ans, et aux personnes sous traitement antihypertenseur ou antidépresseur.
La rhodiole (Rhodiola rosea L.)
Cette plante permet de lutter contre le stress nerveux et émotionnel[8]. Elle améliore la dépression légère à modérée, apporte un bien-être significatif et est très bien supportée.
La posologie usuelle varie entre 100 et 300 mg par jour. Il est conseillé de répartir cette dose journalière en deux prises et de se référer aux indications du fabricant.
La prise de rhodiole est contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante, chez les enfants de moins de 12 ans, les personnes diabétiques ou ayant une maladie du foie, chez les personnes bipolaires et sous antidépresseurs.
L’ashwagandha (Withania somnifera)
Cette plante est un incontournable de la médecine ayurvédique pour retrouver un meilleur équilibre émotionnel. C’est un des meilleurs anti-stress naturels qui soit[9].
Vous pouvez en faire usage en infusion (1 à 2 g de poudre par tasse et ne pas dépasser 2 tasses par jour).
L’ashwagandha est une plante qui ne doit pas être utilisée par les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les enfants de moins de 16 ans, et les personnes souffrant d’hyperthyroïdie.
Les personnes allergiques aux solanacées devront également éviter d’en faire usage.
Et vous, avez-vous des adolescents à la maison ? Comment les accompagnez-vous dans cette période difficile ? Vos commentaires sont toujours les bienvenus.
Bonjour, complètement d’accord avec vous sur bcp de points de votre article, notamment la méditation, la sophrologie ou yoga à l’école. Lors d’une discussion avec des connaissances, j’avais avancé l’idée que les cours de gymnastique traditionnels devraient être remplacés par ces méthodes qui seraient bénéfiques aux enfants à court, moyen et long termes même lorsqu’ils seront adultes. Personnellement, je ne vois pas ce que les cours de gym m’ont apporté ni pendant l’enfance ni maintenant que je fais partie des seniors ni lorsque j’étais dans le monde du travail. L’apprentissage d’une méthode permettant de gérer les conflits et le stress,… Lire la suite »
Bonjour Eve et un grand merci pour votre commentaire plein de sagesse.
Laurent