La carrière du professeur Luc Montagnier

Sortir du cadre peut coûter très cher, y compris dans le domaine scientifique, pourtant censé briser les croyances.

De nombreux esprits brillants en ont fait les frais.

Le professeur Raoult n’est que le dernier d’une longue liste qui comprend, entre autres, l’émérite professeur Luc Montagnier (1932 – 2022).

C’est à cette personnalité hors norme que je voudrais rendre un hommage appuyé, le temps de quelques modestes lettres.

Pardonnez-moi

Cher professeur Montagnier, nous ne nous sommes jamais rencontrés.

Je me permets pourtant de m’adresser à vous directement, au nom d’une certaine complicité intellectuelle et philosophique.

Vous me pardonnerez cette familiarité, mais mon instinct me dicte de faire les choses ainsi.

L’instinct… vous n’en manquiez pas, vous qui, avant tout le monde, avez mis en lumière le scandale du sang contaminé (transmission du Sida via les transfusions sanguines), la catastrophe des hormones de croissance contaminées, l’enfer de l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, vous qui avez découvert le virus du Sida…

C’est cet instinct, associé à une grande ouverture d’esprit et à des compétences scientifiques d’exception, qui ont fait de vous le grand chercheur que vous êtes, mais qui vous a aussi valu dénigrement et ostracisation.

Passer de prix Nobel (en 2008) à persona non grata dans le milieu scientifique, pardonnez-moi encore, mais il fallait vraiment vivre dans notre monde de fous furieux pour arriver à un tel « exploit »…

Tout avait si bien commencé

Professeur, vous êtes l’auteur ou le co-auteur de 350 publications scientifiques et de plus de 750 brevets !

Je ne m’aventure pas à lister vos récompenses, de peur d’ennuyer mes fidèles lecteurs, mais je ne peux passer sous silence deux d’entre-elles : Grand Officier de la Légion d’honneur (2009) et bien sûr le prix Nobel de physiologie ou médecine (partagé avec le Pr. Françoise Barré-Sinoussi) en 2008.

Une carrière exemplaire qui a débuté dès l’enfance en quelque sorte, puisque vous confiez volontiers avoir envisagé d’embrasser ce destin très tôt.
Après vous être intéressé à la physique nucléaire (passion mise à mal après Hiroshima), vous choisissez finalement les études de médecine et de sciences.

Une fois vos diplômes en poche, vos premières recherches se concentrent sur les virus animaux, en particulier ceux dont le patrimoine génétique est constitué d’ARN (tiens, tiens, voilà qui nous replonge immédiatement dans l’actualité).

Vous émettez alors l’hypothèse que ces virus pourraient jouer un rôle dans l’apparition de certains cancers.

En 1972, c’est une étape essentielle de votre carrière qui s’amorce avec la création de l’unité d’oncologie virale dans le nouveau département de virologie de l’Institut Pasteur de Paris.

Vous vous penchez également sur les « agents transmissibles non conventionnels » que le grand public découvrira plus tard sous le nom de « prions pathologiques », lors de l’affaire de la vache folle et du scandale des hormones de croissance.

En 1983, vous atteignez la reconnaissance internationale en dirigeant l’équipe qui découvre le virus responsable du sida.

Puis ce sera le prix Nobel en 2008, donc, soit quand même un quart de siècle plus tard…

La belle histoire aurait pu s’arrêter là, mais la vie, notre époque, la jalousie, votre trop grande indépendance d’esprit, ou certains intérêts en jeu vont en décider autrement…

Le temps des polémiques

La bascule s’est faite assez vite, compte tenu de votre carrière et du crédit dont vous jouissiez.

Il aura suffi que vous souleviez quelques questions, pourtant légitimes mais dérangeantes, en 2017, pour que la machine à broyer les dissidents se mette en route.

Le principal grief contre vous ? Vos propos sur les sacro-saints vaccins^[1].

En vous engageant dans cette voie, vous deviez probablement savoir qu’un chemin semé d’embûches vous attendait et qu’il serait probablement fatal à votre carrière.

Peu vous importait.

Vous avez dit ce que vous aviez à dire en suggérant que certains vaccins pédiatriques pouvaient être en partie responsables de la mort subite du nourrisson (notamment de par la présence de sels d’aluminium).

Vous avez aussi évoqué une « corrélation temporelle » entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaques.

Dans la foulée de ces propos, une trentaine de membres de l’Académie nationale française de médecine vous ont alors condamné sans appel, alors que vous faisiez toujours partie de l’institution.

Votre intérêt pour les travaux passionnants de Jacques Benveniste autour de la mémoire de l’eau vous valurent également les foudres de ceux que vous qualifiez de « bureaucrates à la retraite, fermés à toute innovation ».

La guerre était bel et bien déclarée.

Bien entendu, les médias bien-pensants se sont fait un plaisir de s’engouffrer dans la brèche et de vous pointer du doigt dès que vous vous positionniez sur une question.

Pour autant, c’est avec courage que vous avez continué à affirmer votre indépendance et votre liberté.

Vos recherches controversées sur l’autisme, la maladie de Lyme, les maladies chroniques comme la maladie d’Alzheimer et la polyarthrite en attestent.

Vous vous êtes éloigné des sentiers battus pour vous pencher sur les effets du stress oxydatif et de l’alimentation sur la santé, un domaine méprisé par la plupart de vos collègues.

Vous n’avez pas hésité à dénoncer le fonctionnement défectueux, aussi bien intellectuellement qu’éthiquement, de la recherche en France.

Votre dernier fait d’arme ?

Vos profonds doutes au sujet de la vaccination anti-Covid, qui selon vous favorisait notamment, l’apparition de nouveaux variants.

Doit-on s’étonner que votre décès en 2022 n’ait soulevé que de très vagues échos dans la presse et n’ait suscité que de très rares hommages ?

Une honte !

Cher professeur, mon hommage à moi ne s’arrête pas là puisque j’évoquerai dans une prochaine lettre les théories passionnantes qui ont fait de vous l’un des scientifiques les plus passionnants de ces 50 dernières années.

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