Enfant, un de mes grands plaisirs était de participer à la cueillette des cerises dans mon village et dans les petits bourgs situés tout autour.
Mes parents étant agriculteurs, ils connaissaient bien les propriétaires de vergers et m’envoyaient donner un coup de main entre mai et juillet.
Je n’ai jamais, ô grand jamais, pris cela pour une corvée, et vous savez pourquoi ?
Eh bien, j’avais tout loisir de me remplir l’estomac de ces délicieuses cerises aussi charnues que sucrées.
Un bonheur !
Ma madeleine de Proust à moi.
Certainement la meilleure source d’antioxydants
On a coutume de dire qu’on trouve les antioxydants les plus puissants dans le thé ou les tanins du vin, c’est vrai, mais les fruits rouges ne sont vraiment pas en reste.
De plus, ils n’ont pas les inconvénients du thé (présence de caféine, réduction de l’absorption du fer), ni ceux du vin (alcool).
C’est pourquoi j’ai toujours considéré les fraises, les framboises, les cerises, les groseilles, les myrtilles, le cassis et les mûres comme des superaliments.
Depuis les années 90, la recherche autour des antioxydants a considérablement progressé grâce au développement de nouvelles techniques d’analyse.
Grâce à cela, de nombreux tests visant à mesurer la teneur exacte en phyto-nutriments ainsi que l’activité antioxydante des aliments ont pu être menées.
Le test Folin-Ciocalteu (F-C) permet par exemple le dosage des composés phénoliques totaux, tandis que le test ORAC évalue la capacité d’absorption des radicaux-libres.
L’activité antioxydante de tout un panel de fruits a ainsi été mesurée[1] et, sans surprise, on retrouve les valeurs les plus élevées dans les fruits rouges (myrtilles sauvages, mûres, fraises, framboises, canneberges) et la grenade.
Si l’on considère l’ensemble de ces tests, la myrtille sauvage serait la meilleure élève, suivie par la grenade et la mûre, qui ont des valeurs similaires.
Une guerre interne sans pitié
Si je vous parle des antioxydants, c’est que chaque jour se livre une bataille féroce dans notre organisme.
Et de cette bataille dépend en grande partie notre santé et notre capacité à bien vieillir.
L’oxygène est au cœur de cette bataille et il est à la fois ennemi et allié, une sorte d’agent double en quelque sorte.
Je m’explique : en réalité, l’oxygène est une molécule plutôt agressive, contrairement à ce qu’on pourrait croire.
La molécule d’oxygène est très étroitement associée à l’idée que nous nous faisons de la vie, pourtant, il fut un temps où sur la Terre, la vie se développa et perdura en l’absence totale d’oxygène.
Encore aujourd’hui, de nombreuses formes de vie n’en ont absolument pas besoin pour prospérer.
C’est même souvent pour elles un redoutable poison.
L’oxygène est apparu sur Terre grâce aux cyanobactéries, ce sont elles qui l’ont synthétisé et diffusé massivement.
C’est donc la vie qui a créé l’oxygène et non l’inverse !
C’est un cadeau pour le moins empoisonné, dans le sens où l’oxygène est un oxydant.
Cela a du bon et du moins bon.
Pour le côté positif, tout phénomène d’oxydation produit de l’énergie.
C’est en oxydant les sucres ou les lipides que nous ingérons, que l’oxygène nous permet d’avoir de l’énergie.
Nous en avons donc besoin pour vivre, mais l’oxygène provoque aussi des réactions en chaîne aux effets plus contrastés.
Il produit notamment des radicaux-libres.
Ces derniers sont utiles, ils permettent entre autres à nos cellules immunitaires de nous défendre contre les infections et favorisent le processus de cicatrisation, entre autres.
Mais lorsque ces radicaux-libres sont en excès, ils se révèlent beaucoup moins sympathiques.
Ils vont en effet altérer de nombreuses structures cellulaires, voire la structure même de l’ADN, favorisant ainsi fortement l’apparition de cancers, de maladies cardio-vasculaires, ou le vieillissement prématuré (la dégénérescence maculaire par exemple).
Plusieurs facteurs participent grandement à l’explosion de radicaux-libres dans notre organisme :
- Le tabagisme ;
- L’exposition intensive au soleil ;
- L’alcoolisme ;
- L’exposition à la pollution ;
- Une mauvaise alimentation ;
- Le stress.
Heureusement les fruits rouges sont là !
Pour se protéger contre l’excès de radicaux-libres, l’organisme dispose heureusement de systèmes de protection.
Il y en a trois principaux : la Glutathion Peroxydase (Gpx), la Superoxyde Dismutase (SOD) et la catalase.
Je ne m’attarde pas dessus car ce sont des processus complexes qui demandent beaucoup d’explications.
Ce qui m’intéresse davantage, c’est que l’alimentation regorge de puissantes molécules antioxydantes !
Voilà une solution simple et efficace que nous pouvons tous mettre en œuvre !
Et les fruits rouges sont probablement les aliments qui en sont le plus dotés.
Leurs belles couleurs, qui vont du rouge au violet profond en passant par le pourpre, viennent d’une catégorie de substances qu’on appelle les anthocyanes, qui font partie de la grande famille des polyphénols.
Ces polyphénols sont les grands amis de la santé cardiovasculaire.
Ils ont la capacité de favoriser la vasodilatation et de protéger les structures internes de la paroi des vaisseaux.
Parmi eux, l’acide ellagique, est l’un des plus puissants.
Les fruits rouges en contiennent beaucoup et c’est un atout considérable, car l’acide ellagique a la capacité de doper le système immunitaire et de ralentir la progression des tumeurs agressives.
Comme de nombreuses études le montrent, ses actions en font un candidat prometteur pour la prévention et le traitement du cancer[2].
Les fruits rouges contiennent aussi des caroténoïdes, ainsi que des vitamines C et E qui viennent compléter un arsenal antioxydant déjà bien efficace.
Les fruits de l’été par excellence
L’été, nous avons tendance à privilégier les aliments frais, peu caloriques, riches en vitamines.
Les fruits rouges répondent parfaitement à ce besoin et à cette envie.
Ils ne vous feront pas grossir, vous donneront de l’énergie et raviront vos papilles.
Comme tous les fruits, ils contiennent du sucre et cela peut freiner certains d’entre vous, mais n’oubliez pas qu’ils sont aussi riches en fibres, ce qui permet de ralentir le passage du glucose dans le sang et les classe parmi les aliments à index glycémique bas (IG entre 15 et 25, contre 60 pour une banane mûre par exemple).
Dans l’ensemble, les fruits rouges sont parmi les moins sucrés que l’on peut trouver.
Bien évidemment, cela ne doit pas vous empêcher de raison garder quant à votre consommation.
Les fruits rouges contiennent deux types de fibres, solubles et insolubles, ce qui leur permet de favoriser le transit tout en douceur, et de garder un microbiote sain[3].
Ils sont également diurétiques, ce qui dynamise nos systèmes d’élimination. Parfait pour garder la ligne et éliminer les toxines accumulées durant l’hiver !
Je vous conseille de les consommer crus car la cuisson provoque des pertes importantes en vitamines et concentre les sucres.
Et bien sûr, si vous le pouvez, privilégiez les fruits issus de l’agriculture biologique.
Vous l’aurez compris, les fruits rouges n’ont que des avantages : ils sont délicieux et procurent de nombreux bienfaits pour la santé.
Je n’ai donné que quelques exemples ici, mais sachez qu’ils agissent aussi sur la santé des os, cognitive, immunitaire, oculaire… Une deuxième lettre sur ce sujet vous intéresserait-elle ? Dites-le moi en commentaires.
SUJET PASSIONNANT
merci Laurent pour ce focus sur les fruits rouges et les petits fruits en général Ils sont précieux pour leur richesse en anthocyanes. leur liste est longue (myrtille, framboise,mures,groseilles,cassis mais aussi moins connus argousier,aronia,baie de sureau,baie de goji..) et leur culture plus ou moins facile selon les régions,sols et expositions. mais cela vaut la peine d’en avoir dans son jardin. Ils ont aussi un point commun : ils sont riche en pépins (à part les myrtilles,et ceux de l’argousier donne de l’huile) donc prudence pour les intestin sensibles avec diverticules . comme toujours, lorsque vient le moment de la récolte… Lire la suite »